«Je commence ab ovo. L'ennemi du genre humain, comme vous savez, s'attaque aux Prussiens. Les Prussiens sont nos fidèles alliés, qui ne nous ont trompés que trois fois depuis trois ans. Nous prenons fait et cause pour eux. Mais il se trouve que l'ennemi du genre humain ne fait nulle attention à nos beaux discours, et avec sa manière impolie et sauvage se jette sur les Prussiens sans leur donner le temps de finir la parade commencée, en deux tours de main les rosse à plate couture et va s'installer au palais de Potsdam.
«J'ai le plus vif désir, écrit le Roi de Prusse à Bonaparte, que V. M. soit accueillie еt traitée dans mon palais d'une manière, qui lui soit agréable et c'est avec еmpres-sement, que j'ai pris à cet effet toutes les mesures que les circonstances me permettaient. Puissé-je avoir réussi! Les généraux Prussiens se piquent de politesse envers les Français et mettent bas les armes aux premières sommations.
«Le chef de la garienison de Glogau avec dix mille hommes, demande au Roi de Prusse, ce qu'il doit faire s'il est sommé de se rendre?… Tout cela est positif.
«Bref, espérant en imposer seulement par notre attitude militaire, il se trouve que nous voilà en guerre pour tout de bon, et ce qui plus est, en guerre sur nos frontières avec et pour le Roi de Prusse. Tout est au grand complet, il ne nous manque qu'une petite chose, c'est le général en chef. Comme il s'est trouvé que les succès d'Austerlitz aurant pu être plus décisifs si le général en chef eut été moins jeune, on fait la revue des octogénaires et entre Prosorofsky et Kamensky, on donne la preférence au derienier. Le général nous arrive en kibik à la manière Souvoroff, et est accueilli avec des acclamations de joie et de triomphe.
«Le 4 arrive le premier courrier de Pétersbourg. On apporte les malles dans le cabinet du Marieéchal, qui aime à faire tout par lui-même. On m'appelle pour aider à faire le triage des lettres et prendre celles qui nous sont destinées. Le Marieéchal nous regarde faire et attend les paquets qui lui sont adressés. Nous cherchons — il n'y en a point. Le Marieéchal devient impatient, se met lui même à la besogne et trouve des lettres de l'Empereur pour le comte T., pour le prince V. et autres. Alors le voilà qui se met dans une de ses colères bleues. Il jette feu et flamme contre tout le monde, s'empare des lettres, les décachète et lit celles de l'Empereur adressées à d'autres. А, так со мною поступают! Мне доверия нет! А, за мной следить велено, хорошо же; подите вон! Et il écrit le fameux ordre du jour au général Benigsen